Réflexions sur « La Belle et la Bête » (1946)

 

Je vous présente la version française d’un article initialement publié en anglais sur mon blog

(grâce, principalement, à Google Translate).

 

Réflexions sur « La Belle et la Bête » (1946)

Réalisé et écrit par Jean Cocteau

Avec Jean Marais et Josette Day

 

Bien que ce film soit très éloigné de mes goûts habituels, je suis ravi qu'on ait porté son attention sur cette œuvre d'une grande poésie. Les films fantastiques, et encore moins les contes de fées, ne m'attirent généralement pas, mais la vision de Cocteau du conte de la Belle et la Bête est un mélange captivant de romance, de critique sociale et de philosophie. Ce film, tout en étant présenté comme un conte de fées, possède une force qui rappelle au spectateur sa pertinence face à la réalité.

Le premier élément frappant réside dans le générique lui-même. Cocteau apparaît comme une sorte de professeur écrivant le titre et le générique au tableau. Il s'agit donc d'une leçon – peut-être une fable morale dont nous, spectateurs, sommes invités à tirer une signification allégorique.

Au fil de l'exposition, il apparaît clairement que l'on retrouve des éléments de plusieurs contes de fées, notamment Cendrillon et le Petit Chaperon rouge, ainsi que des références à Shakespeare – Le Marchand de Venise et La Tempête. Les personnages sont tous psychologiquement assez complexes et l'on découvre rapidement leurs personnalités, leurs défauts, leurs forces et leurs motivations – le tout raconté avec un mélange d'humour léger et de sous-entendus plus sombres (comme il sied à un conte de fées).

On nous présente les deux « laides sœurs » de Belle, trompeuses, rusées, hypocrites, avides et égocentriques, ainsi qu'un frère quelque peu insouciant, dépourvu de toute moralité et de toute force de caractère. Ajoutez à cela Avenant, l'ami beau mais colérique, arrogant et violent, et le père de Belle, aimable mais trop indulgent, victime des circonstances, et le décor est planté pour un drame où Belle (Josette Day) deviendra l'héroïne par son sacrifice pour sauver son père. Cet acte souligne assurément la sincérité et la force morale de Belle, ainsi que le dévouement attendu d'une fille envers son père, qualités que la Bête appréciera tout autant que sa beauté naturelle.

La Bête (Jean Marais) peut, en effet, se comporter de manière bestiale – il tue et se montre parfois menaçant –, mais il est aussi conscient de lui-même et s'efforce de s'améliorer par sa bonté et sa compassion envers Belle (bien qu'il l'ait contrainte à rester auprès de lui sous la menace constante qui pèse sur son père). Cette dualité est essentielle pour comprendre ce qui est attachant chez la Bête et ce qui est répugnant chez la famille et les amis de Belle : la Bête a réfléchi à sa nature et souhaite la transcender, tandis que les autres acceptent simplement ce qu'ils sont sans se poser de questions ni chercher à s'améliorer, se contentant d'améliorer leur situation.

Belle est bonne et généreuse par nature, et la Bête semble le reconnaître. Aurait-il témoigné autant de compassion et d'affection à l'une des sœurs de Belle ? Non, la beauté de l'âme est au moins aussi importante que la beauté physique, et c'est peut-être cette leçon que Belle apprend lorsqu'elle quitte la Bête pendant une semaine pour s'occuper de son père : l'absence renforce les sentiments, mais la lucidité acquise au contact de la Bête, tourmentée mais fondamentalement bonne, lui permet de voir les autres tels qu'ils sont et d'apprécier d'autant plus la Bête et ses efforts pour changer.

L'amour nous pousse-t-il par nature à voir les gens différemment ? Le fait de voir au-delà des apparences et d'apprécier l'esprit et l'âme d'autrui conduit-il à l'amour ? Comme le dit le film, l'amour peut révéler la bête en l'homme, ou au contraire, faire ressortir le meilleur de lui-même.

À bien des égards, il s'agit d'un conte chrétien (dans sa forme la plus pure, sans référence à l'Église), où la Bête aspire au pardon et à la compassion en tentant de maîtriser sa nature et ses passions. Finalement, la Bête est transformée par l'amour, non seulement par son amour pour Belle, mais aussi parce qu'elle se sent aimée par quelqu'un d'autre. Par extension, ce sentiment d'être aimé implique le respect, l'appréciation et la compassion envers autrui.

Il est également intéressant de noter que dans cette œuvre, comme dans d'autres films et romans français, il semble être suggéré que la nature féminine consiste à maîtriser la « bête » qui sommeille en l'homme. On peut citer comme exemples « Jean de Florette » (écrit par Marcel Pagnol, alors époux de Josette Day), « Cyrano de Bergerac » et « Les Misérables ».


Merci d'avoir pris le temps de lire cet article. J'espère qu'il vous aura été utile.

Stuart Fernie

Vous pouvez me contacter à l'adresse suivante : stuartfernie@yahoo.co.uk.

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